Anosognosie

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Anosognosie

Le terme anosognosie est composé du « a » privatif et des mots grecs « nosos » pour maladie et « gnosis » pour connaissance. Il est utilisé pour la première fois en 1914 par le neurologue français Joseph Babinski pour définir « un trouble de la conscience et des déficits » chez certains patients.

Définition de l'anosognosie

L'anosognosie fait partie des troubles neuropsychologiques et se traduit par la méconnaissance voire l'ignorance de l'individu de sa maladie. C'est un handicap invisible d'origine neurologique.

L'anosognosie serait liée à un dysfonctionnement du lobe frontal du cerveau qui n'est plus capable d'enregistrer et de garder à jour la conscience de soi et de ses difficultés. Le patient refuse de reconnaître qu'il est atteint d'un trouble, ce refus est lié à des dommages cérébraux et non à de l'entêtement (le patient ne fait pas exprès de ne pas reconnaître ses difficultés, il ne peut pas à cause de lésions cérébrales).

A noter : la localisation des lésions du cerveau qui provoquent une anosognosie n'est pas encore bien définie par les médecins.

Conditions d'apparition de l'anosognosie

L'anosognosie survient dans le cadre de lésions cérébrales comme :

  • un AVC (accident vasculaire cérébral)
  • un traumatisme crânien
  • certaines maladies neurodénératives (maladie d'Alzheimer, de Parkinson etc.)

Les lésions provoquent des troubles comme l'aphasie, l'hémiplégie, la perte de mémoire, la perte du sens de l'orientation mais le patient n'est pas capable de les percevoir.


 

Diagnostic de l'anosognosie

Le diagnostic peut être difficile, sachant que le patient n'est pas conscient de ses troubles donc ne s'en plaint pas. Il peut à la fois être en accord avec ce que lui dit le soignant et ne pas pouvoir appliquer les conseils pour son propre cas.

Attitudes à repérer

Il y a 3 points principaux à rechercher:

  • Le manque de perception des troubles est sévère et persistant (il dure des semaines voire des mois)
  • Lorsque la personne est confrontée à des preuves montrant avec force et évidence qu’elle est en difficulté, elle ne parvient pas pour autant à reconnaître son trouble.
  • La personne utilise fréquemment des explications illogiques et des confabulations pour expliquer qu'elle ne parvient pas à tout faire.

La personne n'a donc absolument pas conscience de sa pathologie (AVC, traumatisme crânien, démence etc.) et des déficits qu 'elle engendre.

À noter : l'anosognosie peut concerner les activités de la vie quotidienne, la mémoire, la gestion du budget, le comportement, le jugement...

Un diagnostic différentiel

Avant de conclure à une anosognosie, le diagnostic doit éliminer :

  • Le déni :c'est un processus psychologique et non une lésion cérébrale comme dans l'anosognosie .
  • L'indifférence, si le sujet connaît son déficit mais n'en tient pas compte.
  • Le désaveu, si le sujet est capable de parler de son accident mais pas de ses affects.
  • La négligence spatiale unilatérale ou héminégligence :
    • gauche (la plus fréquente) : le patient néglige tout ce qui est présent sur sa gauche suite à une lésion du cortex pariétal droit ;
    • droite (plus rare et moins sévère) : le patient néglige tout ce qui est sur sa droite suite à des lésions de l'hémisphère gauche.
  • L'hémianopsie (fait suite à un AVC, à un traumatisme crânien...), qui entraîne une perte de la moitié du champ visuel (que ce soit dans le sens vertical ou horizontal), d'un œil ou des deux yeux. Pour le sujet, la moitié manquante de la scène visuelle n'existe pas. Le patient n'a pas conscience de la perte de son hémi-champ. Il admet cependant qu'il existe un problème.
  • L'alexithymie : incapacité à exprimer ses émotions par des mots et difficulté à identifier et à distinguer ses états émotionnels.
  • L'athymhormie : perte ou réduction de curiosité, de goût, d'affect, de préférences et d'envie de satisfaire ses désirs en général. Toutefois, l'athymhormie ne se retrouve pas forcément dans les symptômes de la dépression et, contrairement à l'anosognosie, elle est réversible si le patient est stimulé par un tiers.

Anosognosie et rééducation orthophonique

Il est indispensable de lever l'anosognosie avant de rééduquer les autres difficultés. Un patient anosognoqiue ne sera en effet pas apte à intégrer les exercices proposés car il n'a pas conscience de ses troubles.

À ce jour, aucune technique n'a été prouvée ou validée. Les techniques qui suivent sont des exemples de travail communiqués par des orthophonistes. Elles ne prétendent pas être exhaustives et ne remplacent pas les méthodes des médecins spécialistes.

Méthodes ou technique du praticien :

La méthode P.A.C.E. est la plus appropriée : elle se propose d'améliorer les capacités de communication des patients dans une situation de communication référentielle (exemple : A doit faire deviner à B un objet en utilisant les moyens de communications dont il dispose) :

  • mise en échec du patient afin de le confronter à ses erreurs pour l'amener à une prise de conscience du problème ;
  • délivrance systématique de feed-back en utilisant des jeux de rôles ;
  • simplification du discours pour faciliter la compréhension par le patient ;
  • utilisation, si possible, de l'humour pour dédramatiser ;
  • utilisation de moyens alternatifs comme les enregistrements (vidéos et/ou sonores).

Objectifs du praticien

Avec cette méthode, le praticien cherche à :

  • entraîner le patient à l'autoévaluation, l'amener à verbaliser les difficultés rencontrées au cours de mises en situation ;
  • rendre le patient acteur de sa rééducation en proposant des supports motivants ;
  • développer l'attention auditive et les capacités de désignation (en utilisant des exercices d'imitation, de répétition et le travail de groupe) ;
  • augmenter les réponses correctes aux questions posées (en employant des schémas, pictogrammes et/ou images).

À noter : les orthophonistes doivent faire face à un manque de références documentaires et scientifiques sur ce sujet. Cette situation remet en cause leur rôle d'information et de relais (tout aussi importants que l'évaluation et la rééducation), qui exige des connaissances théoriques réactualisées. Ils peuvent également travailler en collaboration avec des neuropsychologues.

Ces pros peuvent vous aider