Mutisme

Sommaire

L'orthophonie prend en charge différents troubles de la parole, dont le mutisme. Celui-ci prend des formes différentes, et se manifeste sous des formes variées, qui déterminent le traitement à suivre.

Qu'est-ce que le mutisme ?

Le mutisme est la suspension ou la disparition de la parole chez un enfant ou un adulte qui l'avait acquise antérieurement.

Il ne faut pas confondre le mutisme lié à une cause physiologique et le mutisme lié à une anxiété.

Lorsqu'il n'est pas dû à une impossibilité physique de parler, le mutisme est donc considéré comme une psychopathologie. Dans ce cas on l'appelle le mutisme sélectif. C'est-à-dire que l'enfant a la capacité de parler et de comprendre mais que l'on observe une absence de parole dans des situations précises, notamment à l'école (l'enfant parle très bien à la maison et le mutisme apparaît dans le cadre scolaire).

On distingue trois formes de mutismes : mutisme akinétique, mutisme total et mutisme sélectif.

Nom

Causes

Conséquence

Mutisme akinétique 

Cause physiologique : ce mutisme s'observe lorsque les deux lobes frontaux ont subi des lésions.

  • Impossibilité physique de parler associée à une inertie des muscles.

Mutisme total

Cause psychique : réaction à un événement traumatisant (divorce, décès d'un parent, agression...).

  • Mutisme qui dure quelques jours voire quelques semaines.
  • L'enfant recommence à parler normalement ou parfois en  chuchotant.

Mutisme sélectif

Cause psychique : trouble anxieux où la parole accentue l'anxiété de l'enfant.

  • L'enfant n'adresse la parole qu'aux personnes de sa famille. Il ne parle pas aux étrangers ou à l'école.
  • L'enfant refuse de parler ou parfois seulement en chuchotant et uniquement à des personnes de son entourage.

Cas particulier du mutisme sélectif

Symptômes

Il est considéré comme un trouble anxieux et apparaît souvent vers l'âge de 5 ans. L'enfant ne parle pas dans certaines situations spécifiques et ce de façon persistante (plus d'un mois). Il éprouve une gêne, une anxiété à parler hors du contexte familial qui se traduisent part un mutisme. Mais l'enfant peut être très bavard dans un contexte familier ce qui est déroutant pour les parents qui ne parviennent pas toujours à expliquer ce manque de parole.

Les principaux symptômes

Langage

Visage

Corps

  • Ne parle pas volontairement dans des situations sociales précises.
  • Ne parle pas depuis plus d'un mois.
  • N'a aucun problème physiologique ou mental.
  • Ne présente aucun autre problème de communication.
  • Ne peut pas répondre à l'appel à l'école ni à un bonjour ce qui peut passer pour de l'impolitesse.
  • Est encore plus anxieux lorsqu'on le force à parler.

Le patient ne manifeste que très peu de sentiments :

  • visage impassible à cause l'anxiété ;
  • ne pleure pas ;
  • regard fuyant.

Ne sait pas s'exprimer avec son corps :

  • mouvements raides lorsqu'il est anxieux ;
  • marche maladroite.

Bon à savoir : les enfants mutiques sont inquiets et très sensibles sur le plan affectif.

Un diagnostic incertain

Le mutisme sélectif est une difficulté qui n'est pas encore très connue, et la diagnostiquer reste difficile. Les enfants mutiques peuvent ainsi être confondus avec des enfants porteurs d'autismes ou des enfants sujets à des problèmes d'apprentissage. L'éducateur a donc un rôle primordial car lui seul peut signaler une absence de parole dans une situation particulière. L'orthophoniste pourra ainsi faire la part des choses entre un enfant porteur d'un réel handicap de communication (autisme, dysphasie, etc.) et un enfant dont la communication est normale (pointe les objets, regarde son interlocuteur, comprend les consignes) mais qui se bloque hors d'un contexte rassurant.

Les causes réelles du mutisme sont encore méconnues mais les chercheurs mettent en cause plusieurs facteurs et non une cause unique. Il semblerait que l'on retrouve fréquemment une phobie scolaire ou sociale dans l'histoire familiale.

Bon à savoir : Autisme Info Service est un service d'écoute et d'information qui pourra le cas échéant répondre à vos interrogations. Vous pouvez contacter la plateforme gratuitement au 0800 71 40 40 ou consulter le site internet Autismeinfoservice.fr pour obtenir de l'aide et être orienté vers les services les plus adaptés à vos besoins.

À noter : des plateformes de coordination et d'orientation pour les enfants présentant un trouble du neuro-développement se mettent progressivement en place. Ces plateformes visent à accueillir les jeunes enfants, pour lesquels un parcours de soins coordonné doit rapidement être engagé. Les bilans réalisés dans le cadre de ce parcours sont pris en charge par l’Assurance Maladie (décret n° 2018-1297 du 28 décembre 2018). Le décret n° 2021-383 du 1er avril 2021 a modifié l'article R. 2135-1 du Code de santé publique et a étendu le parcours de bilan et d’intervention précoce pour les troubles du neurodéveloppement aux enfants de 7 à 12 ans (il n'était jusqu'alors ouvert qu'aux moins de 7 ans). Le décret prévoit également que ce parcours bénéficie d’une durée d’un an, renouvelable une fois.

Traitement du mutisme

En règle générale le traitement doit être identique à celui mené en cas de psychopathologie.

Traitement du mutisme

Type de mutisme

Traitement

Durée du traitement

Mutisme total

Psychothérapie

Durée variable en fonction de la durée du trouble et du contexte déclenchant.

Mutisme sélectif

  • Psychothérapie individuelle.
  • Orthophonie.
  • Thérapie familiale.
  • Soutien en milieu scolaire.
  • Une prise en charge en hôpital de jour de pédopsychiatrie  peut être indiquée.

Durée variable en fonction de la durée du trouble et du contexte déclenchant.

Il faut diagnostiquer le mutisme le plus rapidement possible. En effet, plus le temps passe, plus l'enfant s'installe dans un silence, qui est une défense contre le stress vécu dans une situation anxiogène. Ce silence permet à l'enfant de diminuer son angoisse, il lui apporte un certain réconfort. C'est ce réconfort que l'enfant cherche en se taisant. Plus l'enfant grandit, plus il s'installe dans le silence, et plus il est difficile de remplacer ce silence par un comportement plus adapté socialement.

Les différents professionnels vont permettre à l'enfant d'être soutenu, compris. Il vont lui redonner confiance en lui et intervenir auprès de l'école et des parents afin de leur prodiguer des conseils adaptés :

  • Ne pas punir ni culpabiliser l'enfant.
  • Permettre à l'enfant de pointer du doigt les réponses.
  • Lui permettre de répondre en hochant la tête.
  • Privilégier les exercices écrits.

Tous ces conseils et adaptations ont pour but de réduire l'anxiété de l'enfant au quotidien.

Il est conseillé d'entamer une psychothérapie en parallèle.

Ces pros peuvent vous aider