Votre enfant n'articule pas bien, déforme ou oublie des sons, on vous a déjà dit qu'il « zozote » ou qu'il a un cheveu sur la langue, qu'il faudrait aller consulter un orthophoniste ? Difficile de faire le tri entre toutes ces informations...
Notre article vous permet de faire le point sur les troubles d'articulation chez l'enfant.
Troubles de l'articulation : définition
Les difficultés d'articulation font partie des troubles du langage oral.
Ce sont des troubles moteurs : l'enfant a des difficultés pour combiner l'action de la langue, des dents et des lèvres. Cela rend difficile voire impossible la prononciation de certains sons comme S/Z/CH/J/T/D/N/L. Le son est déformé de façon permanente et systématique.
Quand consulter ?
Il est normal que le jeune enfant en train d'apprendre à parler déforme certains sons. Ce sont des difficultés passagères qui correspondent à la mise en place du langage.
Cependant, si les difficultés persistent au-delà de 4 ans, il est conseillé de faire un bilan orthophonique.
Bon à savoir : un audiogramme devra être effectué afin de vérifier l'audition de votre enfant.
Causes
Nous traitons ici des troubles d'articulation isolés qui sont d'origine fonctionnelle comme un défaut d'occlusion dentaire, une déglutition infantile, une malformation du palais…
Ils peuvent également être liés à un syndrome génétique comme dans la trisomie 21 (langue trop grosse) ou à une Infirmité Motrice Cérébrale où l'articulation est difficile à cause d'un déficit de contrôle neurologique.
Types de troubles d'articulation
Deux types de trouble sont possibles :
- soit le son est absent du langage de l'enfant ;
- soit le son est présent mais déformé.
Son systématiquement absent
Un ou plusieurs sons peuvent être absents au début, au milieu ou la fin des mots.
Par exemple, un enfant qui ne prononce pas le son « R » dira :
- une voiture→une voitu. (suppression finale) ;
- du fromage→du f.omage (suppression au milieu) ;
- un rideau→un .ideau (suppression initiale).
Son présent mais déformé : les sigmatismes
Dans ce cas le son existe mais il est déformé car les organes de la parole (lèvres, langue et.) sont mal positionnés. On appelle ces troubles d'articulation les sigmatismes. Il en existe deux sortes.
Le sigmatisme interdental ou zézaiement : la langue est positionnée trop en avant et vient se glisser entre les incisives. Ce trouble d'articulation est presque toujours associé à une déglutition infantile qu'il faudra également rééduquer. Le zézaiement touche les sons S/Z/CH/J :
- Les CH sont prononcés S. Exemple : un chat→ un sa/ une mouche→ une mous.
- Les J sont prononcés Z. Exemple : une joue→ une zoue/ un manège→ un manèze.
Le sigmatisme latéral ou schlintement : un côté de la langue et la pointe de la langue viennent se coller au palais. Un « couloir d'air » se forme ainsi de l'autre côté de la bouche laissant passer trop de salive. Ce sigmatisme touche les sons S/Z/CH/J :
- Les S sont prononcés CH. Exemple : salut→ chalu/ ça va ?→ cha va ?/une tasse→ une tache.
- Les Z sont prononcés J. Exemple : il est joli→ il est zoli/ on partage→ on partaze.
Intervention de l'orthophoniste en cas de trouble de l'articulation
L'orthophoniste traite les troubles d'articulation car ils peuvent entraîner chez l'enfant des difficultés à communiquer et parfois un manque de confiance en soi. Si le trouble persiste des confusions de sons peuvent également apparaître à l'école.
À la maison comme en séance, il faut éviter de faire répéter l'enfant qui prononce mal un mot. Cela coupe la communication et risque de créer une frustration chez l'enfant qui voulait entrer dans un processus d'échange.
Le mieux est de prononcer après l'enfant ce qu'il aurait dû dire, lui donner le bon modèle tout en restant dans l'échange et la communication avec lui. Il faut avoir confiance en lui, faire preuve de patiente et rester dans le plaisir de parler.
Exemple : si l'enfant dit « oh le zoli chat », éviter de dire « répète ce que tu as dit je n'ai pas compris » mais plutôt « oui tu as vu un Joli chat ».
En séance, l'orthophoniste commence par le travail des muscles de la langue, des lèvres et des joues devant un miroir.
Puis il poursuit par avec des exercices autour du son absent ou déformé (on ne travaille qu 'un seul son à la fois même si plusieurs sons sont touchés) :
- Produire des sons exagérés de façon ludique comme « faire le lion » pour obtenir le son R (RRRRR) ou « faire la poule » pour obtenir le son K (Kot Kot KoKoriCo).
- Utiliser des jeux tel que « est ce que ce mot existe ? » permet de faire prendre conscience à l'enfant que le fait de changer un son change le sens du mot. On peut créer ce jeu à partir des difficultés de l'enfant.
Par exemple, l'enfant présente un trouble d'articulation sur les sons CH/J/S/Z.On inscrit des mots qui contiennent ces sons sur des morceaux de papier, certains mots seront bien écrits et d'autres non. On pioche chacun son tour et on regarde avec l'enfant si le mot existe ou non : « la Souris oui ça existe »/ « les Jeuveux ah non on dit les CHeveux »/ « la Jambe ça existe »/ « une Zoue non on dit une Joue ». Il est important d'insister sur le bon son, de l'exagérer au maximum.
Bon à savoir : la réussite de la rééducation dépend de l'investissement et de l'âge de l'enfant. Amener l'enfant à une position moins « bébé », lorsque cela est nécessaire, permet en effet une meilleure efficacité de la prise en charge.