Dysarthrie

Sommaire

La dysarthrie est la difficulté à parler et à émettre des sons, liée à une lésion du système nerveux. Ce trouble de la parole est traité en orthophonie, qui élabore une rééducation adaptée à chaque type de dysarthrie.

Définition de la dysarthrie

La dysarthrie est un trouble de l'articulation et du rythme du langage souvent associé à une altération de la voix qui touche surtout les adultes.

C'est un trouble non aphasique de la parole. Le patient éprouve de la difficulté à émettre des sons et à parler suite à des lésions du système nerveux. Cette difficulté n'est donc pas due à une paralysie ni à des lésions des organes de la phonation (le larynx, les cordes vocales, la voûte du palais, la langue, les lèvres ou les dents).

Symptômes de la dysarthrie

La dysarthrie peut apparaître soudainement ou bien se développer lentement. Les symptômes se remarquent donc surtout au niveau de la parole.

Symptômes de la dysarthrie
Parole
  • Mauvaise articulation.
  • Rythme irrégulier, trop lent ou trop rapide.
  • Marmonnée.
  • Chuchotée.
Voix
  • Nasillarde.
  • « Nez bouché ».
  • Rauque.
  • Tendue.
  • Soufflée.

Ànoter : ayant des difficultés à déplacer ses lèvres, sa langue ou sa mâchoire, la personne dysarthrique peut aussi présenter des problèmes de mastication ou de déglutition.

Les différentes dysarthries

En fonction de la lésion qui altère le langage, on a établi plusieurs formes de dysarthrie. Le tableau ci-dessous détaille les formes les plus courantes de cette pathologie :

Les différentes dysarthries
Nom Caractéristiques Voix/parole/discours
Dysarthrie flasque ou paralytique
  • Hypotonie (diminution de la tension musculaire).
  • Faiblesse des muscles  :
    • respiratoires ;
    • élévateurs du palais ;
    • constricteurs du pharynx ;
    • de la face et de la langue.
La voix peut être :
  • essoufflée ;
  • nasale.
Dysarthrie spastique Augmentation du tonus musculaire (par atteinte bilatérale du premier motoneurone central).
  • La voix est :
    • rauque, râpeuse ;
    • étranglée ;
    • faible.
  • Tonalité cassée.
  • Discours accéléré.
  • émission de phrases courtes.
  • Parole laborieuse.
  • Distorsions faciales.
Dysarthrie corticale (syndrome de Foix-Chavany-Marie) Perte soudaine de la parole et paralysie bilatérale des muscles. Articulation impossible mais compréhension normale.
Dysarthrie lacunaire (syndrome dysarthrie-main maladroite de Miller-Fischer) Association d'une :
  • dysarthrie ;
  • dysphagie ;
  • parésie faciale ;
  • et maladresse de la main.
  • Troubles de la phonation et de la déglutition.
  • Main malhabile.
Dysarthrie hypokinétique L'hypokinésie affecte :
  • les muscles respiratoires, (altération de la sonorité  vocale) ;
  • les muscles laryngés (hypophonie et réduction des  variations tonales et d'intensité) ;
  • les muscles palatopharyngés et buccaux (ralentissement du  débit et imprécision articulatoire).
  • La voix :
    • lente et monotone ;
    • devient sourde ;
    • perd son volume et ses inflexions (en cas de maladie de Wilson, elle s'étouffe en fin de phrase).
  • L'élocution est :
  • inintelligible ;
  • marquée par des répétitions.
  • Parfois, l'élocution est impossible au cours de la marche,  mais elle s'améliore lorsque le patient s'assied ou se couche.
Dysarthrie hyperkinétique rapide
  • Atteinte du système extrapyramidal, dysfonctionnement des  noyaux gris centraux.
  • Cette dysarthrie se caractérise par des mouvements rapides  et involontaires.
  • élocution rapide.
  • La voix est :
    • forcée ;
    • rauque ;
    • irrégulière ;
    • mal coordonnée par rapport à la respiration.
Dysarthrie hyperkinétique lente (ou hypokinétique) Atteinte du système extrapyramidal entraînant une akinésie (impossibilité ou difficulté à exécuter des mouvements volontaires avec ralentissement à leur initiation). La voix est :
  • étranglée ;
  • stridente.
L'élocution est :
  • sourde ;
  • lente ;
  • laborieuse.
Dysarthrie ataxique Lésion du cervelet et des voies cérébelleuses qui affecte la coordination et le contrôle des muscles de la phonation. Elle se rencontre en cas de sclérose en plaques notamment.
  • élocution lente et irrégulière :
    • bredouillement ;
    • séparation anormale des mots.
  • Ton impossible à maintenir à une même hauteur et à une  même intensité (voix bitonale).
  • Impression que la personne est en colère (en raison du ton  de la voix).
  • Chuchotement impossible.
Dysarthrie parkinsonienne Rencontrée au cours de la maladie de Parkinson, elle se caractérise par :
  • une perte d'intensité de la voix ;
  • une perte des modulations.
  • Réduction de l'intelligibilité globale de la parole.
  • Voix basse malgré des efforts importants
  • Timbre monotone, accents intonatifs inexistants.
  • Débit variable :
    • accélérations subites ;
    • silences inappropriés ;
    • répétitions de syllabes liées à la difficulté d'initier le langage.

À noter : ce tableau n'est pas exhaustif.

Diagnostic de la dysarthrie

Pour ce trouble, le diagnostic se fait par élimination. On envisage d'abord :

  • la dysphonie : perturbation de l'émission des sons non articulés aussi bien que de la parole, elle affecte la qualité de la voix et non la capacité à parler, contrairement à la dysarthrie ;
  • l'anarthrie pure de Pierre Marie : trouble articulatoire pouvant entraîner une suspension totale du langage.

Autre critère de diagnostic : la dysarthrie est permanente et uniforme, le patient est conscient du caractère anormal de sa production.

Traitements orthophonique de la dysarthrie

Seule une évaluation complète permet de mettre en place la prise en charge.

Évaluation et bilan orthophoniques

L'évaluation physiologique et le bilan orthophonique de la dysarthrie permettent de déterminer :

  • les composantes touchées par ce trouble ;
  • la nature et la sévérité des dysfonctionnements.

À partir de ces éléments, l'orthophoniste élabore un projet de rééducation pour lequel il utilise un matériel et des exercices spécifiques.

Exercices orthophoniques

Un certain nombre d'exercices orthophoniques permettent de traiter a dysarthrie. En voici quelques uns :

Exercices orthophoniques
Diadococinésies
(exécution rapide et volontaire de mouvements opposés)
  • Ouvrir/fermer la bouche.
  • Avancer/reculer les lèvres.
  • Tirer/rentrer la langue.
  • Déplacements de l'extrémité de la langue aux commissures  des lèvres.
  • Faire le tour des lèvres.
Mobilité linguale
(essentiellement le bout [apex] et la base de la langue)
  • Tirer la langue.
  • Rentrer la langue.
  • La mettre à droite, à gauche.
  • Passer la langue sur les dents.

Afin de bien évaluer les difficultés de propulsion, la mobilité du larynx, la sensibilité et les moyens de compensation mis en œuvre par le patient, cet examen est pratiqué de trois manières différentes :

  • sans rien dans la bouche ;
  • avec des éléments pâteux dans la bouche (yaourt, par exemple) ;
  • avec des éléments liquides dans la bouche.

Prise en charge de la dysarthrie

La rééducation orthophonique de la dysarthrie s'organise comme suit :

La rééducation orthophonique de la dysarthrie
Mise en place Objectifs Modalités
  • En fonction des résultats de l'évaluation et du bilan.
  • La mise en place ne peut se faire que lorsque les médecins  ont pu distinguer les atteintes neurologiques des ajustements  compensatoires.
  • Compenser et apprendre à utiliser au mieux le potentiel  restant.
  • Agir volontairement (faire volontairement ce qui était fait  inconsciemment).
  • S'auto-contrôler  (maîtriser) et critiquer sa propre performance.
  • Une heure de deux à quatre fois par semaine pendant  1 mois afin d'acquérir  les automatismes respiratoires et les techniques de déglutition.
  • Puis une à deux fois par semaine.
  • éventuellement complétées par des activités d'entretien  à domicile en suivant les conseils et exercices proposés par  l'orthophoniste.

Attention : l'orthophoniste doit fixer des buts faciles à atteindre afin que le patient puisse s'apercevoir de ses progrès. La motivation du patient est essentielle.

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